C’est dans la tête que ça se passe!

C’est dans la tête que ça se passe!

Il y a quelques semaines, je vous ai parlé de votre égo, du fait qu’il n’était pas votre meilleur ami. Votre égo vous manipule, vous pousse et cela peut avoir des conséquences fâcheuses comme des blessures ou le surentraînement. Mais il existe des situations où l’égo peut vous permettre d’améliorer votre performance. Ce n’est un secret pour personne que le conditionnement mental joue un rôle important dans la performance d’un athlète. Mais on comprends encore assez mal comment cela se produit.

En 2007, j’ai commencé un entraînement de course à pied pour une distance de 10miles (16km). La plus longue distance courue à ce moment pour moi était de 10km, environs 16 ou 17 ans plus tôt, alors que j’avais 20 ans. Depuis, je courais un 5km 1 à 2 fois par semaine, mais sans plus. Le plan que j’avais incluait des courses par intervalles et des journées de distance. J’ai réalisé durant mes deux ou trois premiers entrainement de distance que j’avais un blocage à 6km de course : je savais que j’avais déjà complété une distance de 10km, mais quand j’arrivais à 6km je sentais une douleur incroyable dans mes quadriceps, comme si ceux-ci explosaient. Naturellement je ne pouvais plus courir et me contentait de marcher pour quelques centaines de mètres, pour ensuite recommencer à courir et terminer l’entraînement.

Samuele Marcora, un chercheur italien de l’Université de Kent (R-U), croit que la performance d’une épreuve d’endurance dépend principalement de la perception de l’effort et que la fatigue mentale accroît cet effort perçu, affectant négativement la performance lors d’une épreuve d’endurance,. La mécanique est simple et complexe à la fois. Complexe parce qu’on parle de processus cognitifs, d’équilibre chimique du cerveau et de consommation cérébrale d’énergie. Simple parce qu’on peut le résumer ainsi : une activité mentale intense et soutenue brûle le glucose dans une zone du cerveau (habituellement le cortex cingulaire antérieur, responsable de fonctions cognitives telles que l’anticipation de récompense, la prise de décision, l’empathie et les émotions) qui fait augmenter les niveaux d’adénosine, bloquant la production de neurotransmetteurs comme la dopamine. Le résultat est une perception d’un effort accru et une diminution de la motivation (autrement dit, une fatigue mentale).

Le postulat de Marcora est simple : accroître la résistance à la fatigue mentale devrait réduire la perception de l’effort physique, et ainsi améliorer cette performance. Dans une étude préliminaire, 28 participants (hommes, actifs physiquement) ont complété 12 semaines de a) un entrainement physique; ou b) le même entrainement physique accompagné d’une tâche mentalement fatigante. Pour les deux cohortes, l’entrainement physique consistait en une séance de vélo stationnaire de 60minutes, à 65% du VO2 Max, 3 fois par semaines. Naturellement, le VO2 Max a été évalué avant et après la période de 12 semaines.

Dans cette étude, tous les participants ont augmenté leurs rapports de temps à épuisement : chez le groupe A (entrainement physique seulement) on  parle de 43% en moyenne. Chez le groupe B, cette amélioration tourne autour de 113%! Les auteurs de cette étude préliminaire dégagent trois réflexions suivant ces résultats :

  • Il est probable que l’entraînement en endurance cérébral (EEC) aura un effet moins important sur les athlètes d’élite ; cependant, au niveau de l’élite, de très petites améliorations peuvent se traduire par un avantage compétitif important. En outre, les athlètes d’élite utilisent des programmes d’entraînement rigoureux, avec peu de place pour un stress physique supplémentaire. L’EEC pourrait apporter un stress supplémentaire et nouveau, sans aucune conséquence physique négative.
  • L’EEC peut être particulièrement bénéfique pour les athlètes de sports d’équipe, car ils sont confrontés à une fatigue à la fois physique et mentale tout au long d’un match. Ainsi, l’EEC pourrait conduire à une amélioration des performances physiques ainsi qu’à une amélioration de facteurs tels que la prise de décision.
  • L’EEC peut être utile aux athlètes d’endurance blessés et aux autres personnes qui sont temporairement empêchées de s’entraîner physiquement. Dans ce contexte, il est probable que l’EEC atténuerait les effets négatifs de l’entraînement, plutôt que d’améliorer les performances. Il en résulterait un retour plus rapide aux niveaux de performance de base après une blessure.

À ce stade-ci, vous vous demandez c’est quoi le lien avec le CrossFit, considérant que cette étude a été faite avec un entraînement sur vélo stationnaire? Quand vous faites votre WOD, et que vous devez faire un AMRAP ou 4TIME, vous accomplissez une tâche mentale en même temps que vous exécutez la tâche physique (vous comptez vos rounds, vrai?). Cette tâche mentale vous impose une fatigue mentale qui affecte votre performance physique (souvenez-vous comment c’est plus facile quand vous n’avez pas à compter les cycles burpess/pull-up/box jumps!)

Selon Marcora, tout ce qui affecte votre fatigue mentale affecte votre performance athlétique. Dans le monde militaire, on est en quelque sorte passés maître dans cet « art » : le stress de la formation de base, le manque de sommeil poussent la recrue au-delà de ses propres limites, sans même qu’il (ou elle) ne s’en rende compte. C’est le même principe avec le CrossFit : imposer une tâche mentale simultanément à une série d’exercices physiques vous aide à repousser vos limites, à augmenter vos capacités, sans que vous le réalisiez. Et vous voulez un autre truc? Riez. Lorsque ça devient dur, souriez ou riez face à l’effort.

En 2007, quand j’ai fait ma troisième séance de course pour franchir le cap du 5-6km, j’ai senti la douleur monter. J’étais déçu, je me demandais quel était mon problème. Par dépît, je me suis mis à rire : je me trouvais ridicule et faible. Ce jour-là, sans m’en rendre trop compte, j’ai couru 6km, puis 7km, 8km, 9 et 10km. Je ne peux pas expliquer scientifiquement comment rire a pu m’aider à continuer de courir ce jour-là, mais je me rends compte que j’utilise encore ce réflexe aujourd’hui : quand la douleur apparaît, j’ai tendance à rire.

Bon, ok certaines personnes n’aiment pas mon rire, mais il me soulage quand même.

(Vous avez probablement croisé Jidé lors d’un cours de groupe. Il a complété une formation en massothérapie il y a quelques 25 ans, et a réalisé à ce moment que la santé et l’activité physique étaient des sujets importants pour lui. Maintenant, il est entraîneur en vélo stationnaire et instructeur en Premiers soins avec les FAC. Il se joindra bientôt à CapOp comme coach.)

 

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Coach Mathieu

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